Les peuples andins mastiquent la feuille de coca depuis des millénaires. Pourtant, des bienfaits médicaux à la consommation de cocaïne, en passant par la production du Coca-Cola, elle suscite bien des controverses.
La Bolivie représente aujourd’hui le troisième pays producteur de coca au monde. Environ
65 000 cocaleros (producteurs de coca) travaillent dans les Yungays et le Chapare, deux régions tropicales situées entre 800 et 2000 mètres d’altitude. La croissance de la plante dure un an. Les producteurs récoltent ensuite la coca tous les trois mois pendant cinq ans. Cinquante kilos de feuilles valent 1800 bolivianos (250 francs). Une somme modique.
Généralement, les consommateurs mâchent une quantité extraordinaire de feuilles. Ils les laissent s’agglutiner dans le creux d’une joue puis en extirpent la sève. Cette pratique ancestrale donne de la force aux travailleurs. Elle permet également de lutter contre
le sommeil. Parmi les vertus curatives, elle soigne les maux d’estomac et le soroche (le terrible mal des montagnes). Son principal apport réside toutefois dans sa teneur en calcium, indispensable dans ces pays où le lait – relativement rare – fut importé par les Européens.
Ainsi, les paysans, les mineurs de Potosi ou les chauffeurs de bus, entre autres, continuent de mastiquer la coca pendant le travail. D’autres la consomment sous forme
de thé. Plus surprenant, elle sert même de monnaie d’échange dans certains marchés
où se pratique toujours le troc.
Un commerce opaque
Selon Edgar Torres, député régional du Chapare, «la nouvelle loi limite à 40 m2 par agriculteur la surface de production. Tous les producteurs sont syndiqués et la police rurale contrôle également les zones cultivées», assure ce cocalero dont l’actuel président du pays Evo Morales fut le président syndical. La production de la feuille de coca baisserait donc…
Pourtant, les chiffres de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (UNODC) s’avèrent plus alarmants. La production a crû de 2006 à 2009 pour atteindre 30 900 hectares. Ainsi, elle fait toujours le bonheur des narcotrafiquants, riches exportateurs de cocaïne vers les principaux lieux de consommation: les Etats-Unis et l’Europe.
Guillaume Bur
Cet article a été publié dans Agri Hebdo, un hebdomadaire agricole suisse.